Le Festival de Cannes

" Quand on n'a pas grand-chose à y faire, le Festival de Cannes est une drogue dure de la jeunesse, elle donne l'illusion que l'on s'amuse au coeur du monde. C'est difficile de décrocher, ça prend du temps et ça demande des efforts mais je m'étais juré il y a quelques années que je n'y retournerais pas tant que je n'aurais pas un film à présenter ou un projet précis à défendre. Promesse à soi-même non tenue puisque je reviens afin de présider un jury d'enseignants et que je suis encore en train de me demander si ce n'est pas un prétexte pour me libérer de cet engagement secret. Après une longue abstinence que je n'ai pas mise à profit pour devenir le nouveau Spielberg, j'adopte le profit discret du cinéphile de base qui me permettra peut-être de surmonter la nostalgie des ambitions perdues et de faire la paix avec les regrets et les souvenirs. Il y en a tant qui remontent à la surface. "
Au-delà des paillettes du Festival, qu'en amoureux du cinéma Frédéric Mitterrand dépeint avec son regard à la fois ultrasensible et acéré, on retrouve le ton et le style si singuliers de La Mauvaise Vie.

Ava, la femme qui aimait les hommes

" Bad girl " dans un corps de déesse, star ultime et garçon manqué, qui était Ava Gardner ?

Fut-elle un mythe, un pur produit hollywoodien ou les deux ? Dernière-née d'une famille de fermiers de Caroline-du-Nord, Ava débarque à Los Angeles en 1941, flanquée de sa sœur aînée. Elle a dix-sept ans, la beauté du diable, un accent du Sud à couper au couteau, des manières de garçon de ferme, aucun don évident pour la comédie. Au début, sa carrière patine mais les hommes tombent, foudroyés : Mickey Rooney, Artie Shaw, Howard Hughes et tant d'autres… Avec Les Tueurs (1946), adapté d'une nouvelle d'Hemingway et où elle donne la réplique à Burt Lancaster, émerge un personnage de vamp, de scandaleuse, une femme libre et dangereuse. À partir de là, Ava régnera, impériale et sans rivale, pendant plus de trente ans. Anticonformiste et insolente, cette brune détrônera toutes les blondes. Défilent dans cette biographie des monstres sacrés et des têtes brûlées : Huston, Bogart, Hemingway, Sinatra… Des cuites inénarrables, des amours ambivalents et quelques chefs-d'œuvre : Pandora, La Comtesse aux pieds nus, La Nuit de l'iguane… Voici l'itinéraire d'une femme fatale qui préférait l'Europe à l'Amérique, la corrida aux hamburgers et la vraie vie aux reflets fantasmés qu'en offre le cinéma. Et pourtant, dans notre imaginaire comme dans l'histoire du cinéma, Ava Gardner s'impose bel et bien comme la dernière des stars.